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Portrait dressé par le site français la-croix.com: Ousmane Sonko, l’homme qui a réveillé la colère de la jeunesse 

Rédigé par leral.net le Mardi 9 Mars 2021 à 13:02 | | 0 commentaire(s)|

L’arrestation d’Ousmane Sonko, principal opposant au pouvoir, a provoqué une vague de colère dans le pays. Il a été libéré lundi mais reste sous contrôle judiciaire. Celui qui était arrivé 3e de l’élection présidentielle de 2019, en sort assurément grandit. Comme vu d’un œil neutre, voici son portait dressé par le site français la-croix.com


Portrait dressé par le site français la-croix.com: Ousmane Sonko, l’homme qui a réveillé la colère de la jeunesse 
Son nom a traversé les frontières comme une comète. Jusque-là inconnu outre Sénégal, Ousmane Sonko a fait son entrée sur la grande scène des opposants « anti-système » persécutés par le système même contre lequel ils se battent.

Son arrestation pour « trouble à l’ordre public » alors qu’il se rendait au tribunal, mercredi 3 mars 2021, a provoqué une vague de contestations d’une ampleur inattendue pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, réputé pour sa stabilité.

Libéré sous contrôle judiciaire lundi 8 mars 2021, le député et chef du parti « Pastef / Les patriotes » s’est exprimé dans la soirée pour appeler à poursuivre la « révolution » de manière « pacifique », à l’encontre des appels à l’apaisement du Président Macky Sall.

Ousmane Sonko a été inculpé pour viol dans l’affaire qui lui a coûté son immunité parlementaire, le 26 février dernier. « i[En cette journée [du droit des femmes, NDLR] du 8 mars, on oublie un peu vite la victime présumée : une jeune femme de 20 ans, masseuse sur laquelle on a vite jeté l’opprobre public en la considérant comme une femme de petite vertu ]i», regrette Caroline Roussy, chercheuse à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Iris) et responsable du programme Afrique.

Sonko, star et complot

L’opposant de 46 ans ne s’embarrasse pas de telles considérations. Selon lui, cette affaire est un « complot » pour l’évincer de la scène politique, comme l’ont été par le passé, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, Karim Wade. Son arrestation a fait exploser une colère qui sourdait depuis plusieurs mois parmi la jeunesse sénégalaise (majoritaire dans le pays), que les crises sanitaires et économiques ont vivement touchée. Et l’a propulsé en véritable « star » politique.

Le désormais « opposant numéro un » de Macky Sall a connu une ascension fulgurante. Ancien collecteur d’impôts, Ousmane Sonko a créé son parti « Pastef / Les patriotes » en 2014. Trois ans plus tard, il était élu député avant de briguer la présidence en 2019 et de finir à la troisième place.

« Ce n’était pas un homme politique majeur jusque-là », relativise Caroline Roussy. « Mais par effet de glissement, il s’est retrouvé le seul opposant de Macky Sall, après que la plupart des opposants ont rejoint la coalition du président. » Et de fait, un rival sérieux pour l’échéance présidentielle de 2024.

Un leader populiste charismatique

Sa prestance tant en boubou traditionnel qu’en costume occidental, et son image d’homme intègre, farouchement opposé à l’enrichissement sur le dos de la population d’une classe politique jugée corrompue, lui ont valu auprès de ses jeunes soutiens une stature d’homme d’État. Sous les vivats et les slogans « prési, prési » (« président ») de ses supporteurs, il n’a d’ailleurs pas manqué d’attaquer le Président Macky Sall, le jugeant illégitime à diriger le Sénégal. Tout en se disant opposé à un renversement par la force.

Ousmane Sonko surfe sur des discours anti-France, anti-franc CFA, anti-corruption et anti-élite. « Le sentiment anti-français au Sénégal est assez ambivalent mais il est bien là. Il y a un ras-le-bol de ce qui est perçu comme une inféodation à la France », rappelle la chercheuse de l’Iris. S’il reste discret sur sa vie privée, Ousmane Sonko se montre volontiers en public avec son guide religieux mouride, principale confrérie du pays.

Défenseur de la polygamie (il a deux femmes), il a aussi milité dans sa jeunesse au sein de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal (AEEMS), un mouvement proche des Frères musulmans. Une tache dans son parcours que ses détracteurs ne manquent pas de lui rappeler.







S. la-croix.com